Il y a quelques années, le Saint Père invitait l’Église entière à vivre ce temps de Carême comme un temps de grâce dans la joie et en vérité, en méditant sur cette parole de Jésus dans l’Évangile de St Matthieu : « À cause de l’ampleur du mal, la charité de la plupart des hommes se refroidira » (24, 12).
Je trouve cela de circonstance en ces temps si particuliers que nous vivons actuellement.
Cette phrase fait partie du discours sur la fin des temps prononcé à Jérusalem, au Mont des Oliviers, précisément là où commencera la Passion du Seigneur. Jésus, dans sa réponse à l’un de ses disciples, annonce une grande tribulation et il décrit la situation dans laquelle la communauté des croyants pourrait se retrouver : face à des évènements douloureux, certains faux prophètes tromperont beaucoup de personnes, presqu’au point d’éteindre dans les cœurs la charité qui est le centre de tout l’Évangile.
Le Pape parle de « charmeurs de serpents », de « charlatans », d’« escrocs », mais aussi, de « l’avidité de l’argent », de « la violence », de « l’acédie égoïste », du « pessimisme stérile », de « la tentation de l’isolement » et de « la mentalité mondaine ».
Si nous constatons en nous-mêmes ou autour de nous ces signes que le Pape décrit avec plus de détails (http://www.vatican.va/content/francesco/fr/messages/lent/documents/papa-francesco_20171101_messaggio-quaresima2018.html), c’est que l’Église, notre mère et notre éducatrice, nous offre pendant ce temps du Carême, avec le remède parfois amer de la vérité, le doux remède de la prière, de l’aumône et du jeûne.
En consacrant plus de temps à la prière, nous permettons à notre cœur de découvrir les mensonges secrets par lesquels nous nous trompons nous-mêmes, afin de rechercher enfin la consolation en Dieu. Il est notre Père et Il veut nous donner la Vie.
La pratique de l’aumône libère de l’avidité et aide à découvrir que l’autre est mon frère : ce que je possède n’est jamais seulement mien.
Le jeûne enfin réduit la force de notre violence, il nous désarme et devient une grande occasion de croissance. Le jeûne nous réveille, nous rend plus attentifs à Dieu et au prochain, il réveille la volonté d’obéir à Dieu, qui seul rassasie notre faim.
Alors, ne nous laissons pas atteindre par le mal. Ne laissons rien ni personne éteindre nos cœurs. Fortifions-nous-en ce Carême. Et portons nous les uns les autres dans la prière.
Abbé Gonzague Babinet